Beaucoup d’entrepreneurs débutants se demandent encore s’il existe une réelle différence entre micro-entreprise et auto-entrepreneur. Si ces deux termes ont longtemps désigné des régimes distincts, ils renvoient aujourd’hui à une seule et même réalité juridique et fiscale.
Depuis la réforme de 2016, le statut d’auto-entrepreneur a été intégré au régime unique de la micro-entreprise, simplifiant ainsi les démarches de création, la gestion administrative et les obligations comptables.
Dans cet article, nous vous expliquons l’évolution du statut, les règles applicables en 2025, les avantages et inconvénients du régime, ainsi que les démarches à suivre pour créer votre micro-entreprise.
Micro-entreprise et auto-entrepreneur
Avant 2016, les termes micro-entreprise et auto-entrepreneur désignaient deux régimes différents, bien que proches.
Le double régime avant 2016
Jusqu’au 31 décembre 2015, le statut d’entrepreneur individuel (EI) se déclinait en deux régimes :
- le régime de la micro-entreprise, et
- une option pour le statut d’auto-entrepreneur à l’intérieur de ce régime.
Auto-entrepreneur
L’auto-entrepreneur bénéficiait alors d’un système simplifié, tant sur le plan social que fiscal. Il pouvait notamment :
- payer ses cotisations sociales en fonction de son chiffre d’affaires encaissé (régime micro-social simplifié) ;
- et choisir le versement libératoire de l’impôt sur le revenu pour simplifier sa fiscalité.
Micro-entrepreneur
À l’inverse, le micro-entrepreneur classique (sans l’option auto-entrepreneur) était soumis :
- au régime social des travailleurs non-salariés (TNS),
- et au barème classique de l’impôt sur le revenu, sans versement libératoire.
Tableau comparatif avant 2016
Régime avant 2016 | Micro-entreprise classique | Option auto-entrepreneur |
Régime fiscal | Impôt sur le revenu (IR) sans prélèvement libératoire | Micro-fiscal + option possible pour le versement libératoire |
Régime social | Travailleurs non-salariés (TNS) | Micro-social simplifié : cotisations calculées sur le chiffre d’affaires |
Comptabilité | Allégée, mais non simplifiée | Ultra-simplifiée, déclarations mensuelles ou trimestrielles |
La réforme de 2016 : un régime unique
La loi Pinel du 1er janvier 2016 a fusionné les deux régimes pour créer un statut unique de micro-entreprise.
Depuis cette date :
- Le terme juridique officiel est micro-entreprise.
- Le terme “auto-entrepreneur” reste d’usage courant, mais il désigne désormais le même régime.
L’objectif
Cette réforme visait à simplifier la création d’entreprise individuelle et à harmoniser les règles fiscales et sociales. Aujourd’hui, micro-entreprise = auto-entrepreneur. Les deux expressions désignent un entrepreneur individuel soumis :
- au régime micro-fiscal, et
- au régime micro-social simplifié.
Qu’est-ce qu’une micro-entreprise aujourd’hui ?
Contrairement à une idée répandue, la micro-entreprise n’est pas une forme juridique, mais un régime applicable à l’entreprise individuelle (EI).
L’entrepreneur exerce en son nom propre, sans personnalité morale distincte. Il reste une personne physique, responsable de son activité professionnelle.
Depuis la suppression du statut d’EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée) en 2022, le patrimoine professionnel et personnel du micro-entrepreneur sont automatiquement séparés, offrant une meilleure protection sans formalités supplémentaires.
Le régime fiscal du micro-entrepreneur
Le régime micro-fiscal s’applique automatiquement à tout micro-entrepreneur. Deux options sont possibles pour l’imposition des revenus.
Régime micro-fiscal classique
L’impôt sur le revenu est calculé sur le chiffre d’affaires annuel, après abattement forfaitaire selon la nature de l’activité :
Type d’activité | Abattement forfaitaire | Revenu imposable |
Vente de marchandises, hébergement | 71 % | 29 % du CA |
Prestations de services commerciales ou artisanales (BIC) | 50 % | 50 % du CA |
Activités libérales (BNC) | 34 % | 66 % du CA |
Le montant restant après abattement correspond au revenu imposable intégré à la déclaration annuelle d’impôt sur le revenu.
Option pour le versement libératoire
Le micro-entrepreneur peut opter pour le versement libératoire de l’impôt, lui permettant de payer son impôt au fur et à mesure de ses déclarations de chiffre d’affaires.
Les taux en vigueur sont :
- 1 % pour les activités commerciales et d’hébergement,
- 1,7 % pour les prestations de services BIC,
- 2,2 % pour les prestations de services BNC et professions libérales.
Cette option est avantageuse pour ceux dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas un certain seuil.
Régime de TVA applicable
Le micro-entrepreneur bénéficie de la franchise en base de TVA, tant qu’il ne dépasse pas :
- 91 900 € pour les activités commerciales et d’hébergement,
- 36 800 € pour les prestations de services.
Sous ces seuils, il ne facture pas la TVA et ne la récupère pas sur ses achats.
Le régime social du micro-entrepreneur
Le régime micro-social simplifié est l’un des grands avantages du statut. Les cotisations sociales sont calculées directement sur le chiffre d’affaires encaissé, selon un taux fixe dépendant de l’activité :
Activité | Taux de cotisations sociales |
Achat / revente de marchandises | 12,3 % |
Prestations de services commerciales ou artisanales (BIC) | 21,2 % |
Professions libérales affiliées au régime général | 24,6 % |
Professions libérales affiliées à la CIPAV | 23,2 % |
L’entrepreneur déclare son chiffre d’affaires chaque mois ou chaque trimestre, selon l’option choisie lors de la création. Si le chiffre d’affaires est nul, aucune cotisation n’est due.
L’aide à la création : l’ACRE
Le micro-entrepreneur peut bénéficier de l’ACRE (Aide à la Création ou à la Reprise d’Entreprise), offrant une réduction de 50 % des cotisations sociales durant la première année d’activité.
Exonération de la CFE
La cotisation foncière des entreprises (CFE) est exonérée la première année, puis due à partir de 5 000 € de chiffre d’affaires annuel.
Des obligations comptables allégées
La comptabilité du micro-entrepreneur est l’une des plus simples existantes. Il doit simplement :
- tenir un livre des recettes, listant chronologiquement toutes les sommes encaissées (avec justificatifs) ;
- et, s’il vend des marchandises, un registre des achats.
Ces registres doivent mentionner :
- la date et la nature de l’opération,
- le montant et le mode de paiement,
- ainsi qu’une pièce justificative (facture, ticket, etc.).
Aucun bilan comptable annuel n’est requis, sauf en cas d’assujettissement à la TVA.
Créer sa micro-entreprise sur le Guichet unique de l’INPI
Depuis le 1er janvier 2023, toutes les formalités de création, modification ou cessation d’activité passent obligatoirement par le Guichet unique géré par l’INPI.
Étapes de création :
- Se rendre sur formalites.entreprises.gouv.fr
- Remplir la déclaration de début d’activité (formulaire en ligne).
- Joindre les pièces justificatives :
- pièce d’identité en cours de validité,
- justificatif de domiciliation,
- déclaration de non-condamnation.
- Choisir la fréquence de déclaration du chiffre d’affaires (mensuelle ou trimestrielle).
Une fois validée, la demande est transmise automatiquement aux administrations concernées : INSEE, Urssaf, service des impôts et greffes.
Bon à savoir
- La création d’une micro-entreprise est gratuite.
- Le stage de préparation à l’installation (SPI) pour les artisans est facultatif depuis 2019.
Avantages et limites du régime de la micro-entreprise
Les avantages
- Création ultra-rapide et gratuite sur le Guichet unique.
- Régimes fiscal et social simplifiés (déclaration en ligne, calcul automatique des charges).
- Comptabilité minimale : pas de bilan à produire.
- Cumul possible avec une autre activité (salarié, étudiant, retraité, demandeur d’emploi)
- Protection du patrimoine personnel depuis 2022.
- Exonération de CFE la première année.
Les limites
- Plafonds de chiffre d’affaires à ne pas dépasser :
- 188 700 € pour les activités commerciales,
- 77 700 € pour les prestations de services et professions libérales.
- Aucune déduction de charges réelles : les dépenses professionnelles ne réduisent pas le revenu imposable.
- Pas de récupération de TVA sous la franchise en base.
- Certaines activités exclues (agricoles, artistiques, immobilières, ou réglementées avec caisse spécifique).
Conditions d’accès au régime de la micro-entreprise
Pour devenir micro-entrepreneur, il faut :
- être majeur (ou mineur émancipé),
- résider en France,
- ne pas être sous tutelle ou curatelle,
- ne pas faire l’objet d’une interdiction de gérer,
- et, pour les étrangers, disposer d’une autorisation d’exercer une activité non salariée.
Le régime est accessible pour des activités commerciales, artisanales ou libérales non réglementées. Il est possible d’exercer plusieurs activités au sein d’une même micro-entreprise (activité mixte).
En résumé
Élément | Micro-entreprise / Auto-entrepreneur |
Nature | Régime simplifié de l’entreprise individuelle |
Régime fiscal | Micro-fiscal avec abattement forfaitaire ou versement libératoire |
Régime social | Micro-social simplifié, calculé sur le CA |
TVA | Franchise en base (sous seuils) |
Comptabilité | Registres simples, pas de bilan |
Création | En ligne sur le Guichet unique de l’INPI |
Protection du patrimoine | Automatique depuis 2022 |
Différence micro-entreprise / auto-entrepreneur | Aucune depuis 2016 |
Conclusion
Depuis 2016, micro-entreprise et auto-entrepreneur ne font plus qu’un. Ce régime simplifié est devenu la porte d’entrée privilégiée vers l’entrepreneuriat individuel en France. Accessible, flexible et peu coûteux, il séduit chaque année des centaines de milliers de porteurs de projet.
Que vous souhaitiez tester une activité, générer un complément de revenu ou créer votre entreprise principale, le régime de la micro-entreprise constitue un excellent tremplin entrepreneurial grâce à sa simplicité et à sa fiscalité avantageuse.